Histoire

Une amitié gourmande

En 2017 Dourobère remporte les Grevire Awards

Une distinction offerte par la jeune chambre internationnale de la Gruyère pour une action ou un projet cher à la Gruyère.

Mais pourquoi nous a-t-on fait pareil éloge ?

Verser la masse, abaisser le fer, attendre 50 secondes, lever le fer, rouler le bricelet, remettre de la masse, baisser le fer, sortir le bricelet du rouleau, attendre… Non! Il faut faire mieux. Me voilà en train de construire une machine à bricelets. Dans un an, la machine tournera et fabriquera 6 bricelets simultanément, cuits et roulés. J’en suis certain!

Ingénieur en mécanique de formation, je gère la partie mécanique. Cependant, mes connaissances en automation sont insuffisantes. J’en parle à mon collègue Christian Gerber. Il se joint alors à l’aventure, choisit un automate et programme les mouvements. Pendant ce temps, je dessine, soude, fraise et tourne. Certaines pièces demandent  précision et rigueur, mon cousin François Doutaz, fort de ses qualités d’usineur,  nous rejoint pour fabriquer les complications. Et nous nous acharnons pendant deux ans! Les fers collent, les dosages sont irréguliers, la chauffe capricieuse, l’enroulement catastrophique. Rien ne fonctionne comme prévu. Que faire? Abandonner? Persévérer? Nous continuons. Les idées ne manquent pas. Il nous a fallu encore 12 ans pour réussir à maîtriser le procédé. Enfin, les bricelets sortent et ils sont bons!

 

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Un jour, François rencontre Dominique, l’ancien boulanger et fondateur de l’entreprise Meringues et Biscuits Domino. Ils échangent 3 mots sur notre histoire de bricelets et Dominique vient voir LA machine. Emballé, il propose de la présenter à son successeur Sébastien Overney. Nous déménageons la machine dans le laboratoire Domino et Sébastien commence la fabrication des bricelets DOUROBERE. Le nom DOUROBERE est choisi car acronyme de François DOUtaz, Pierre ROBadey, et Christian GerBER, les 3 personnes qui sont à l’origine de cette aventure (photo ci-dessus). Mais la machine reste une bête à chagrin. On la dépanne à n’importe quelle heure du jour et de la nuit !

Un client important s’intéresse à notre produit. Il veut le déployer en « Première Classe » et dans toute la Suisse. Inquiets quant à la fiabilité de notre outil de production, François et moi décidons de reconstruire une machine. Plus fiable, ergonomique, rapide, autonome et dans les normes d’hygiène. Il faut faire vite, le marché est à notre porte. Dix mois plus tard, le prototype 2 est monté mais le software peine à s’écrire. Malheureusement, Christian ne pourra pas continuer et quitte le navire. Nous voilà avec une mécanique prête à rouler mais sans système nerveux. Que faire ? Mais qui donc pourrait remplacer Christian ? Laurent Francey, un ami d’enfance qui a créé une petite entreprise de développement électronique Franic Technologie SA, est un ingénieur plein d’astuces et d’enthousiasme. C’est lui qu’il nous faut ! Il vient voir la machine. Surpris par la complication et la quantité de mouvements nécessaire, il reste silencieux durant quelques interminables minutes… Et soudain, le sourire lui revient et il dit : « On a été sur la Lune ; on va faire tourner cette machine ! » Avec son style, Laurent réalise un travail admirable. Il n’utilisera pas d’automate industriel ordinaire, il installera  une carte Arduino! (petite carte bleue sur la photo)

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carte habituellement utilisée pour les jeux et dans la formation. Elle est vingt fois moins chère et tout aussi fiable qu’un automate industriel. Enfin la machine fonctionne, la petite carte Arduino travaille parfaitement. Elle lit 64 inputs, commande un ilot SMC de 6 vannes et un ilot Festo de 21 vannes via Canbus. Génial ! Le matériel de loisir cohabite parfaitement avec le matériel professionnel.

Le prototype est définitivement remplacé et termine sa vie.

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La nouvelle machine, quant à elle, travaille et produit des bricelets roulés sucrés depuis octobre 2015 ainsi que des bricelets plats salés depuis décembre 2017 au sein de l’entreprise Meringues et Biscuits Domino.

 

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Une recette à respecter

Cette machine a été conçue autour d’une recette. Le travail avec des matières vivantes a créé beaucoup de problèmes ; un jour le procédé est stable et le lendemain c’est la catastrophe. La machine a subi une multitude de modifications pour accepter plus ou moins toute les masses. Le reste est assumé par l’expérience du confectionneur monsieur Overney. Avec l’expérience et une sorte de feeling, il est capable de régler cette machine et de la rendre exploitable.

Avec ce prix "Grevire Awards", Dourobère se doit de perdurer et ainsi pouvoir offrir ses produits du terroir gruyérien.

Pierre Robadey